Chantier cataphile :
Remise en fonctionnement d'un aqueduc et de ses réservoirs dans une carrière de craie. Débouchage à l'acide, Restauration et étanchéification des tuyaux d'acheminement de l'eau permettent à l'ensemble du circuit de fonctionner normalement, et aux bassins de se remplir.
NB : un seul bassin sur la photo.
" L'eau se troubla brusquement. Il était alors quasi-impossible de discerner le lotophage immergé sous l'onde. Des ossements calcifiés affleuraient.
Ils étaient semblables à des poutres d'un gris boueux et millénaire. Probablement quelques béhémoths aux abois que le hourvari prolongé noya sous ces eaux dormantes : ici, on ne pouvait traverser que les yeux clos, sans rebrousser chemin.
Voir ce que cette vasque immense abritait entre les pans de rocaille était risqué; pendant sa traversée, la chasseresse fut estourbie par les émanations toxiques des mousses cavernicoles. À chaque respiration le givre mordait mes lèvres. Le heurt des remous d'antan sur les berges pierreuses avait affûté les arrêtes, qui auraient tranché des pieds nus aussi sûrement qu'un couteau ouvre une enveloppe. Mon paquetage à bout de bras, je me glissai dans l'eau. Arrivé au milieu du lac, je vis une lueur au fond. Jaune, Minuscule et persistante, elle ne bougeait pas.
Je sentis un goût âcre d'effroi couler dans ma gorge : pour trouver l'ouroboros, il me fallait absolument éviter de dire au reste de l'équipe que Ctulhu était endormi quelque part ici, englouti, mais vivant. Il stockait dans ce lac des orbes bioluminescentes, très nutritives et desquelles il se nourrirait à son réveil, dans quelques milliers d'années si nous étions chanceux, et très discrets.
Si nous devions découvrir un plus grand lac qui serait susceptible d'abriter Ctulhu, nous serions contraints de trouver un autre chemin. Le silence n'était troublé par aucun bruit. Même le ruissellement de l'eau sur la pierre demeurait silencieux. Fort heureusement, le lotophage était trop malin pour agiter l'eau ou m'attaquer en milieu aquatique, même après l'ingestion des plantes hypogées qu'il gardait dans son outre.
Une pierre chuta sèchement du plafond, et vint frapper ma lampe dans un bruit clair avant de tomber dans l'abîme liquide. Je devais traverser dans le noir complet. Une odeur froide d'acétylène emplit l'air et couvrit l'odeur morbide de ma peur. Chaque respiration devint sirupeuse et collante. L'eau se mit à tiédir. "