SCULPTURES EN SOUTERRAIN
Esotériques, religieuses, mystiques, trompe-l 'ennui, artistiques, sentimentales... les sculptures en carrière rendent hommage au patrimoine régional, à l'imagination du sculpteur, à son dieu mais aussi à son propre travail, indéplaçable une fois fini bien souvent, et qui se trouve livré aux visiteurs de passage. En carrière de tuffeau, de calcaire, la sculpture en souterrain sur du front de taille ou sur un bloc s'avère compliquée par le manque de lumière et l'omniprésence de l'humidité, aussi il convient de saluer le travail humaniste, brut et tout à fait inestimable des sculpteurs en souterrain, qui cultivent une technique précieuse et difficile, qui tend à disparaitre.
épure au charbon.
Sculpture de Décure et apéritif.
porte d'ascenseur sculpté à même le front de taille!
Chauve souris en calcaire.
Sculpture de Décure et apéritif.
Sculpture de Décure et apéritif.
Inscriptions dans un petit cabinet minéralogique.
Bas-relief réalisé par des passionnés à titre clandestin.
Sculpture réalisée par des passionnés à titre clandestin.
idoles cataphiles.
Bas-relief réalisé par des passionnés à titre clandestin.
Cathédrale de Tours sculptée dans le tuffeau.
Télévision sculptée dans un bloc.
Bibliothèque taillée à même le calcaire.
Mont Saint Michel en tuffeau.
Abbaye royale de Fontevraud sculptée dans le tuffeau.
Bas-relief réalisé par des passionnés à titre clandestin..
Sculptures et autels creusés par les soldats dans les creutes picardes de la grande guerre.
TRAVAUX D'artiste en carrière
-ecologica naturotica - Julien salaud
Au fond d'une ancienne carrière de tuffeau, l'artiste Julien Salaud déploie un univers onirique du sol au plafond dans le noir avec des fils blancs tendus par des clous plantés dans la roche. Des milliers de clous, des dizaines de mètres de fils, que les reliefs de la roche et des projecteurs à lumière noire animent. Ma première approche de cet espace faisait ressembler l'oeuvre in situ à une projection vidéo, mon boîtier ne rendant pas bien les jeux de profondeur. j'ai donc choisi de me placer en contrejour avec une lampe qui mettrait en relief le caractère proprement mécanique et non numérique de cette oeuvre psychédélique et poétique, qui rend un bel hommage à la carrière en tenant le pari de la peindre et la sculpter pour en changer l'aspect, la matière et la couleur tout en permettant un retour complet à son état d'origine. Ainsi on voit le monde s'étendre dans l'obscurité autant que l'on distingue la pierre et les rouages de l'oeuvre au dessous. En restant assis dans la nappe violacée de ce piège d'araignée, comme une proie dans le quasi-noir et le silence total, seul, on voit se dessiner des fées, des angelots, des monstres marins, des plantes et des constellations d'étoiles. Moi qui croyait connaître les carrières, on est jamais au bout de ses surprises ! L'homme n'a pas fini de créer au fond des cavernes...
La loge - les frères chapuisat
Installation monumentale des Frères et Soeurs Chapuisat en carrière de tuffeau : un grand puits d'aérage remonte à la surface, et ménage une cloche dans la pierre au ciel de carrière. Cet entrelacement anarchique de lattes de bois s'élève sur cinq mètres, et soutient un nichoir sur pilotis à taille humaine, accessible pour peu que l'on puisse grimper et se faufiler entre les branches épaisses qui forment cette infrastructure labyrinthique, unique et rassurante dans le noir et l'immensité froide du souterrain, comme une chrysalide supplémentaire nous séparant du monde. En haut le silence est plus intense, la solitude aussi. Plus on investit des recoins cachés, plus on s'éloigne des autres êtres humains et de leurs lieux de déambulation baignés de lumière. C'est souvent le prix à payer pour goûter à une expérience unique. Et c'est face à soi qu'on est paradoxalement le plus susceptible de contempler le monde des hommes, car en l'absence des stimulations sensorielles externes habituelles que la caverne filtre et prévient, c'est irrémédiablement sous le crâne que la tempête se lève.
MAKIKO FURUICHI
Cette fresque monumentale en carrière soulève la question épineuse du graffiti dans les cavités anthropiques. Au demeurant, l'oeuvre de Makiko Furuichi s'impose par sa difficulté technique et sa dimension in situ, mais également parce qu'elle est le fruit d'un héritage traditionnel. En effet, les cavernes sont en usage depuis la préhistoire, et la roche sert de support aux pigments d'un art pariétal religieux, artistique et brutal, qui déploie une grande puissance visuelle et plastique. Ici sont représentés les yokai, des démons bons ou mauvais de la mythologie japonaise, chère à Makiko, qui peuplent tantôt les ombres, tantôt la lumière, et serpentent sur les reliefs de la pierre en survolant le visiteur. Cet univers au delà des hommes, onirique, végétal, animal, humain et surnaturel, a sa place dans un lieu comme celui-ci, et est le fruit d'un travail laborieux, technique, spirituel et manuel qui témoigne d'une pensée opérative qui dépasse la simple signature comme celles que l'on a l'habitude de trouver sous terre, avec plaisir ou déplaisir. Une oeuvre à part dont je salue l'initiative autant que le résultat!
